Keep the fight !!! Il faut continuer le combat ! Voilà maintenant plus de 20 ans qu’un collectif œuvre pour le développement des équipes mobiles en psychiatrie, l’aller vers. Le groupe ERIC d’abord, ses cousins ULICE ensuite et tant d’autres équipes ont essaimé en France. Ces équipes mobiles de santé mentale, appartiennent au champ sanitaire ou médico-social, elles balaient aujourd’hui l’ensemble de la santé mentale, couvrent les besoins de toutes les populations et de l’ensemble des troubles psychiques. L’Association des Équipes mobiles en Psychiatrie (AEMP) incarne aujourd’hui le combat pour le développement de ces dispositifs. Nous croyons que ce combat n’est pas nouveau, il s’est en fait largement réalisé à partir des années 60 avec cette innovation française que fut le secteur psychiatrique : les soins au cœur de la cité et l’inclusion citoyenne des patients. Les équipes mobiles ne seraient selon nous que l’incarnation, la rénovation de cette politique de secteur.(REF)
Ça semblait une belle époque les premières années du secteur, les expérimentations, les trente glorieuses, l’abondance de personnel, les années 1980, l’élection de Mitterrand, les radios libres, ça me fait penser au « pays de Candie »….

Sauf que depuis cette invention, il nous semble qu’il n’y a plus eu de vision globale des soins, mais davantage une segmentation, une complexification des parcours des usagers et du travail des professionnels, une volonté de standardisation, des créations de centres expert, des unités très, très, très spécialisées…Tout un tas de mesure assez éloignée des spécificités de la santé mentale, qui justifie selon nous une approche holistique.

Qu’en est-il aujourd’hui du Ségur de la santé à propos de la santé mentale ? Quelle pourrait être le rôle des équipes mobiles en santé mentale ? Nous proposons ici notre modeste contribution, des pistes à creuser à la lumière des résultats de l’enquête menée conjointement par l’AEMP et ODIS-C sur l’impact de la crise du COVID pour les équipes mobiles. 147 équipes mobiles de psychiatrie francophone (France, Belgique, suisse et Canada) ont donc répondu à un questionnaire adressé par mail ou partagé sur les réseaux sociaux sur les pratiques de équipes mobiles de psychiatrie en période de pandémie Covid. L’ensemble des résultats sont disponibles ici.  Présentation SRMMB 13 juin

Le Ségur de la santé proposait 4 axes d’action :

1 – Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent,

Cette crise a mis en évidence l’importance du personnel soignant, admiré, glorifié. Tant mieux !

Ce serait l’occasion de transformer les métiers : remettre de l’humain au cœur de la pratique des soins. Quel est le travail d’un infirmier en psychiatrie aujourd’hui ? Dans une unité intra-hospitalière combien de temps le personnel soignant passe-t-il avec les patients ? Quelles sont les tâches accomplies ? La lourdeur administrative et la législation ont pris le pas sur le soin.

Donc oui, il est urgent de redéfinir les rôles et les missions du personnel soignant.

2 – Définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins

Nous avions demandé dans CE questionnaire si les équipes relevaient du champ sanitaire ou médico-social. Les réponses montrent que cette distinction n’a plus ou peu de sens, si ce n’est administratif et la réponse la plus éloquente a probablement été fourni par une équipe canadienne : « Ne s’applique pas au Canada ». Parfois le pragmatisme anglo-saxon fait du bien !

3 – Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes,

Nous faisons l’hypothèse que pour améliorer les conditions de travail il est nécessaire que le personnel retrouve un sens à son action. Alors il sera possible de réfléchir à l’organisation. Ce sont nos missions qui doivent guider nos actions et nos organisations.

4- Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers.

Ce serait l’occasion de proposer un projet de santé mentale qui réunirait l’ensemble des acteurs concernés, de décloisonner les champs public et privé, sanitaire et médico-social, de centrer les interventions avant tout sur l’amélioration des parcours des usagers et de leur entourage.

Les premières conclusions du Ségur de la Santé sont tombées et elles ont visé à une « forme de rattrapage par rapport à des années de retard où chacune et chacun… a sa part de responsabilité »

D’accord, après cette crise il est important de panser les plaie, d’imaginer des rallonges budgétaires mais nous croyons qu’à la lumière des objectifs attendus il faudrait proposer un véritable plan de santé mentale qui aille bien au-delà de ces considérations de salaires et de carrières. Pour la santé mentale nous croyons que les équipes mobiles peuvent être l’incarnation d’un des remèdes grâce à leur flexibilité, l’hétérogénéité de leurs es pratiques, l’amélioration de la qualité des soins pour les usagers et leur entourage qu’elles proposent et l’éthique du soin qu’elles développent.

Une des premières mesures simples (à prendre mais difficile à mettre en œuvre) pourrait être la réorientation des budgets vers les pratiques ambulatoires, de proposer une vision globale de la santé, de décloisonner le Sanitaire et le Médico-social, public et privé.

Notre situation actuelle nous fait penser à un bateau qui prendrait l’eau de toute part, et que l’équipage passait son temps à écoper et à réparer les voies d’eau, tellement inquiet et obnubilé par cette épreuve, que personne ne surveillerait plus le cap…Mais sans direction le navire est souvent en danger, il risque de s’échouer sur la côte. Cette crise et ce Ségur sont des opportunités de redonner un cap à la santé mentale. Nous sommes sur le pont.

Keep the fight !!!